Par Claudine Drolet
La Ville de Shawinigan mise beaucoup sur le tourisme pour développer son économie. Mais saviez-vous que c’est aussi le tourisme qui l’a vue naître et ce, avant même l’arrivée des industries et la fondation de la ville?
D’une hauteur de 44 mètres, les chutes de Shawinigan sont parmi les plus impressionnantes de la rivière Saint-Maurice. Dès 1850, bon nombre de visiteurs viennent admirer la puissance et la beauté des chutes de Shawinigan dont la renommée s’étend au-delà de la région et même du Québec. Plusieurs peintres européens et photographes canadiens de grand talent se déplacent sur les lieux pour y exercer leur art.
Le site est si majestueux que les investisseurs flairent vite la bonne affaire. Sur le site actuel du parc des Chutes, dans un territoire alors inhabité et difficile d’accès, germe dans la tête d’un visionnaire, le député de Saint-Maurice et maire de Trois-Rivières Joseph-Édouard Turcotte, le projet d’y construire un hôtel.
En 1857, il entreprend la construction d’un grand hôtel de quatre étages, appelé le Château Turcotte. Ce projet d’envergure en pleine forêt ne pouvait réussir sans la construction d’un chemin de fer pour en faciliter l’accès. N’oublions pas que nous nous trouvons alors en pleine forêt dans un lieu qui n’est accessible par aucune route.
Joseph-Édouard Turcotte crée une compagnie pour construire le chemin de fer et obtient à cette fin la promesse d’un investissement du gouvernement britannique. Mais ce financement ne se concrétisera pas et la construction de l’hôtel resta inachevée. Il ne fut jamais ouvert aux visiteurs. Le bâtiment deviendra tout de même une attraction touristique jusqu’à ce qu’il soit frappé par la foudre et détruit par un incendie en 1878, plus de 20 ans avant la fondation de la Ville de Shawinigan. L’historien Benjamin Sulte a décrit le Château Turcotte comme étant composé de vastes salles, d’escaliers immenses et de doubles galeries.
Un autre hôtel, beaucoup moins imposant toutefois, vit le jour sur le site des chutes de Shawinigan. L’hôtel Mailhot fut construit par Henri-Gédéon Mailhot, un autre maire de Trois-Rivières. L’hôtel Mailhot fut lui aussi détruit par les flammes en 1906. Certains racontent que la tenue d’activités condamnées par le clergé à l’hôtel Mailhot, les danses notamment, entraîna les foudres de Dieu et la destruction du bâtiment par le feu. Une légende que l’on retrouve sous différentes formes dans plusieurs régions du Québec et dont il est impossible de retracer l’origine à Shawinigan.
Après la fondation de Shawinigan, de nombreux hôtels furent construits pour accueillir les travailleurs et les visiteurs. Parmi les plus connus, mentionnons le Cascade Inn, l’hôtel Shawinigan, l’hôtel Vendôme et le Laurentide Inn devenu plus tard l’Auberge Grand-Mère. La tradition touristique de Shawinigan se poursuit. 150 plus tard, les chutes et la rivière Saint-Maurice demeurent sa meilleure carte de visite.
Sources :
Chutes Shawinigan, Étude historique et aménagement touristique du site, Shawinigan-Sud, 31 août 1971, travail de Perspective Jeunesse présenté au Gouvernement fédéral par Claude Pinard, Claude Darveau, Robert Bourque, Michel Pratte, Denis Lavergne, André Grégoire, Pierre Leclair, Robert Jacques et Lucette Rousseau, 183 pages.
COSSETTE, Sylvie et al, Shawinigan-Sud : une histoire entre nous, Shawinigan-Sud, 1984, 324 pages.
DUBERGER, Jean, Le diable à la danse, Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, 248 pages.
HARDY, René et Normand Séguin, dir, Histoire de la Mauricie, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. Les régions du Québec, 2004, 1144 pages.
LACOURSIÈRE, Jacques, Shawinigan, cent ans d’histoire, Shawinigan, Les Éditions des Glanures, 2001, 326 pages.
LAROCHELLE, Fabien, Shawinigan depuis 75 ans, Shawinigan, 1976, 747 pages.
LAROCHELLE, Fabien, Histoires de Shawinigan, Shawinigan, 1988, 345 pages.