Par Élyse Levasseur
Le mouvement guide est d’abord lancé à Londres en 1908 sous l’initiative de Baden-Powell. Sa création vient combler un manque qui existait auprès des jeunes filles qui souhaitaient elles aussi participer à des activités réservées pour les garçons organisées pour les scouts. Pour soutenir leur intérêt, Baden-Powell mandate sa sœur Agnes de créer un mouvement destiné uniquement aux filles : les Girl Guides. Pour cette raison, on retrouve beaucoup de similitudes entre les deux mouvements.
C’est en 1910 que le mouvement prend naissance au Canada à St. Catharines, Ontario. Dès 1928, le guidisme francophone prend racine dans la ville de Québec avec la fondation de la première compagnie des guides catholiques de langue française. Cette unité est rattachée à la Canadian girl guides. En 1931, s’établit à Trois-Rivières la première unité guide francophone : les Guides catholiques du diocèse de Trois-Rivières. En 1933, les groupes de Shawinigan et de Grand-Mère sont créés.
À Grand-Mère, 12 premières guides, des filles âgées de 11 à 12 ans, intègrent cette nouvelle organisation. La première cheftaine est Florence Deshaies. Le 17 mai 1935, les Jeannettes font leur apparition avec comme première cheftaine Marie-Anna Desrosiers. Dix nouvelles petites filles âgées de 8 à 10 ans s’ajoutent au groupe. En 1942, on tente la création d’un groupe Aînées qui accueille des filles âgées de 13 à 16 ans. Plus tard, les branches changeront pour devenir Jeannettes (8 à 10 ans), Guides (11 à 13 ans), Kamsok (14 à 16 ans) et Aînées (17 à 19 ans). Les Étincelles (5 à 7 ans) s’ajouteront en 1999.
L’objectif de ce mouvement est de préparer les filles à être respectueuses et fortes pour relever les défis auxquels elles seront confrontées. Le bénévolat est aussi un pilier important de ce mouvement. Les défis ont évolué avec les années, les apprentissages des jeunes filles aussi. Toutefois, la nature des activités demeure sensiblement les mêmes. Les soirées hebdomadaires sont ponctuées de chants, d’activités sportives, culturelles ou techniques et bien entendu de beaucoup de plaisir. Elles organisent aussi des soirées thématiques, des sorties à la cabane à sucre, des voyages à Trois-Rivières, Montréal, Québec ou ailleurs. Des camps d’été et d’hiver sont organisés annuellement où elles peuvent mettre en pratique leurs différents apprentissages acquis tout au long de l’année. Un moment majeur pour ces jeunes filles est la promesse que doit faire l’aspirante quelques mois après son entrée dans le mouvement. Cette promesse est un engagement envers elle et ses paires qu’elle respectera les valeurs des guides.
En 1957, une étape importante est franchie. La maison des guides est construite. Les filles ont enfin un lieu bien à elles pour leurs activités. Elles tiendront leurs activités dans ce local jusqu’à la fermeture de l’organisation à l’hiver 2023, après 90 ans d’activité.
Il s’agissait de la dernière section guides du Québec. Les autres unités du Québec ont fusionné avec le mouvement scout dans le milieu des années 1990 pour devenir un mouvement mixte. Considérant que le mouvement scout diluait leur identité de guides, dorénavant connue comme Guid’Amies Le Rocher, elles découvrent l’existence de l’Association des guides franco-canadienne qui réunissait des guides françaises de quatre autres provinces et qui répondait mieux à leur mission auprès des jeunes filles.
Dans leurs belles années, les guides de Grand-Mère ont accueilli jusqu’à 300 jeunes filles par année accompagnées par une cinquantaine de bénévoles. Chacune d’elles pourrait aujourd’hui vous dire que leur passage chez les guides a marqué leur adolescence et a grandement aidé leur cheminement vers une vie d’adulte pleinement engagée. Comme le dit le mouvement mondial, « Guide un jour, Guide toujours », les Guides de Grand-Mère resteront dans le cœur de tous!
Sources :
BAnQ. Fonds de la Fédération des guides catholiques de la Province de Québec. [En ligne]https://advitam.banq.qc.ca/notice/575567 , consulté le 7 novembre 2023
Dirks, Patricia G.. «Guides ». l’Encyclopédie Canadienne, 04 mars 2015, Historica Canada. www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/guides. [En ligne] Consulté le 7 novembre 2023.
Montminy, Marie-Josée. « Nouveau souffle pour les guides », Le Nouvelliste, 19 août 1998.
Montpetit, Caroline. « Grand schisme au sein du Girl Guides of Canada : les francophones claquent la porte », Le Devoir, 7 juin 1994.
Parcs Canada. (2016). Lieu historique national du mouvement des Guides au Canada. [En ligne]https://www.canada.ca/fr/parcs-canada/nouvelles/2016/10/lieu-historique-national-mouvement-guides-canada.html, consulté le 7 novembre 2023