Comment Shawinigan contribua à vaincre les nazis…

Comment Shawinigan contribua à vaincre les nazis…
8 mai 2015 admin

Par Claudine Drolet

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale se déclenche en 1939, Shawinigan est une ville industrielle bien établie. Déjà lors de la Première Guerre mondiale, les usines de Shawinigan avaient été appelées à soutenir l’industrie de guerre. C’est notamment le cas de l’industrie chimique qui a connu une expansion importante durant la Première Guerre mondiale. L’usine encore toute jeune en 1914 a notamment fabriqué des explosifs.

L’expertise shawiniganaise fut de nouveau recherchée en 1939. Au cours des 20 années qui avaient suivi la fin de la Première Guerre mondiale, la ville avait grandi et ses industries étaient encore plus nombreuses. Shawinigan est rapidement devenue un joueur clef dans la guerre contre les nazis.

Encore une fois, les usines chimiques furent sollicitées. On fabriqua à Shawinigan de nombreux produits à des fins militaires : de la poudre pour les écrans de fumée utilisés par les avions et les navires de guerre, des explosifs et des tissus à l’épreuve de l’eau. La CIL fabriqua entre autres du cellophane destiné à l’emballage des rations des soldats au front. Jusqu’à 70% de la production de l’usine fut consacrée à l’industrie de guerre.

Durant le conflit, la demande pour l’aluminium est telle, qu’Alcan construit quatre nouvelles usines, dont celle de Shawinigan, la plus imposante des quatre. Ce bâtiment est érigé en 1941 et lance sa production en 1942. L’aluminium fabriqué à Shawinigan sert à la production de munitions et de pièces d’avion, mais aussi à de nombreux autres usages comme la fabrication de détonateurs et de radios.

Shawinigan possède aussi sa propre usine de munitions, la Poudrière au Lac-à-la-Tortue. Cette usine, née de la collaboration de la Shawinigan Chemicals et des Industries de la Défense, fabrique un explosif appelé RDX, qui est 40 fois plus puissant que le TNT. Près de 15 000 tonnes de cet explosif furent fabriquées dans cette usine dont les mesures de sécurité étaient très strictes. La majorité de la main-d’œuvre était féminine. La Belgo fabriqua pour sa part du carton pour les cartouches de munition.

Les usines de ce qui est alors la Ville de Grand-Mère ne sont pas en reste. À la Grand-Mère Knitting, on fabrique les bérets des soldats canadiens. Seulement deux usines au Canada produisent ce couvre-chef. L’autre fabricant est situé à Toronto. L’usine grand-méroise fabrique aussi des gants kaki pour les soldats et fournit à elle seule 50% des besoins de l’armée pour cette production.

L’effort de guerre ne se limite pas aux usines, les ménagères sont appelées à récupérer, soutenir les soldats et contribuer aux bons de la Victoire. Un an avant la fin de la guerre, à la mi-juillet 1944, les Shawiniganais ont acheté plus de 10 millions 600 000 dollars  en bons de la Victoire. Cet argent allait directement au financement de la guerre.

Les citoyens de Shawinigan restés au pays se sont retroussé les manches durant la Deuxième Guerre mondiale. Grâce à leur travail et leur dévouement, ils ont contribué à la victoire des Alliés sur les Nazis et à la libération de l’Europe le 8 mai 1945, il y a maintenant 70 ans.

Sources :

BELLAVANCE, Claude, Shawinigan Water and Power 1898-1963 : Formation et déclin d’un groupe industriel du Québec, Montréal, Boréal, 1994, 446 p.

FORTIER, Robert, dir., Villes industrielles planifiées, Montréal, Boréal, 1996, 320 p.

HARDY, René et SÉGUIN, Normand, Histoire de la Mauricie, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. Histoire des régions, 2004, 1137 p.

LACOURSIÈRE, Jacques, Shawinigan, 100 ans d’histoire : De l’effervescence au renouveau, Les Éditions des Glanures, 2001, 326 p.

LAROCHELLE, Fabien, Shawinigan depuis 75 ans, 1900-1975, Cité de Shawinigan, 1976, 747 p.

Les cent ans de Grand-Mère, 1898-1998, Sainte-Foy, Forum commémoration, 1998, 267 p.

Centenaire Saint-Théophile-de-Lac-à-la-Tortue 1894-1994, Shawinigan, Club de l’âge d’or de Lac-à-la-Tortue, 1994, 342 p

Revue de la culture matérielle :

http://journals.hil.unb.ca/index.php/MCR/article/view/17868/22087